Charb Ezdaf, pour la mariée à Sétif

 


Charb Ezdaf, pour la mariée à Sétif

Cet habit traditionnel, très prisé par les femmes dans la capitale des Hauts-plateaux, demeure, malgré sa cherté, un élément essentiel du trousseau de la jeune mariée à Sétif et ses environs.

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Il s’agit avant tout d’un Binouar, cet habit intemporel qui a fini par s’identifier à la sétifienne « bon teint » et dont la notoriété, toujours associée aux Hauts-Plateaux, est désormais établie aux quatre coins de l’Algérie. C’est une robe fleurie, sans manches, atteignant les chevilles et légèrement échancrée au niveau de la poitrine pour laisser admirer les bijoux qui ornent le cou. Pourquoi Binouar ? Les avis sont assez divergents. D’aucuns prétendent que le mot est issu du terme « peignoir », ce vêtement d’intérieur ample, non ajusté, porté par les européennes qui l’auraient « importé » à Sétif à la fin du XIXe siècle.

D’autres, plus nombreux, auxquels se rallie l’écrivain sétifien, Omar Mokhtar Chaâlal, le terme provient de l’expression arabe « avec des fleurs » (Bi ennouar). Il s’agit, sans doute là, de la véritable explication du mot Binouar, d’autant que les fleurs sont un élément, ou plutôt « l’élément » incontournable, l’essence de ce bel habit. Le Charb ezdaf n’est, en réalité, qu’une variété du Binouar, un phénomène de mode, sauf qu’il s’agit-là d’une vogue née, il y a plusieurs décennies, de l’imagination, semble-t-il, des marchands de tissus originaires du M’zab et qui ne sont jamais à court de trouvailles pour appâter la clientèle féminine, surtout la plus fortunée. L’appellation Charb ezdaf ne doit, cependant, rien à ces marchands qui se sont contentés de mettre sur le marché une étoffe riche, légère, fleurie, bien sûr et tissée au moyen de la plus fine des soies.

Cet habit est marqué notamment, par la finesse de sa broderie faite de dessins imageant toutes sortes de fleurs, roses, marguerites et autres tulipes, et par ses couleurs claires et variées, même si l’orange et le rouge vif sont plus fréquents. A l’instar de la gandoura passementée des constantinoises, du seroual brodé des algéroises ou du karako qui sied aux tlemcéniennes, Charb ezdaf, est devenu l’habit de fête par excellence des sétifiennes. Reste cette appellation de Charb ezdaf à la consonance plutôt bizarre, même pour les sétifiens de souche.

Ammi Abdallah, un commerçant spécialisé de la rue Ben-boulaïd où foisonnent les boutiques de tissu, donne ce qui s’apparente à l’explication la plus plausible. Il soutient que le nom provient simplement de Zdif , ou terre noire en ancien berbère, terme qui a donné son nom à la capitale des Hauts-Plateaux. Passionné par son métier, Ammi Abdallah met en garde contre les imitations de cet habit et donne une profusion de « tuyaux infaillibles » pour ne pas se faire abuser. Le vrai Charb ezdaf, dit-il, est reconnaissable par ses grandes fleurs brodées en soie pure. « Les petites fleurs, généralement faites d’un tissu synthétique, sont une preuve d’imitation », prévient-il.
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